L’actualité du site de Hop! Morlaix fait l’objet d’une vive émotion sur l’ensemble du territoire du Pays de Morlaix comme en témoignent les mobilisations au siège de l’entreprise et les motions votées lors de conseils municipaux dans plusieurs communes.

Si le départ de Hop! du site de Morlaix était rendu effectif, 276 emplois pourraient être condamnés d’ici à 2023, suivant un écrémage régulier entamé depuis de longues années déjà avec la suppression de 32 postes en 2014, 22 en 2015, 50 en 2016 puis 23 en 2019, soit approximativement la moitié des effectifs. Je n’accepte et n’envisage pas la disparition pure et simple de ces emplois du bassin d’emploi morlaisien.

La commune de Morlaix subit déjà un taux de chômage important de 14,8 % contre 8,7 % en Bretagne et 9,1 % en France métropolitaine (recensement de la population, 2017). On note une augmentation de 2,2 points pour la commune par rapport à 2012 alors que la moyenne régionale montre une augmentation de 0,9 point mais que la moyenne nationale présente une diminution de 0,2 point. Au-delà des limites communales de Morlaix, c’est tout le territoire du Pays de Morlaix qui est concerné par ces pertes d’emplois. Le départ de 276 personnes, sans renouvellement de poste d’ici à 2023, serait brutal.

Air France doit revenir sur sa décision de fermeture totale de Hop! sur le site de Morlaix. La priorité doit être donnée aux salariés et à leurs emplois sur le territoire. C’est essentiel pour ceux qui ont choisi de vivre et de travailler dans cette région. Si toute l’activité ne peut être maintenue sur le site, il est pourtant nécessaire de solutionner la pérennisation d’une partie des emplois. Le télétravail est une des options à envisager sérieusement, notamment concernant la partie administrative et la planification. Il faut œuvrer pour exiger de conserver un maximum d’emplois sur le site. Les efforts doivent être collectifs. Air France ne peut pas sacrifier le bassin morlaisien. Il faut collectivement défendre notre territoire en le valorisant, en élargissant l’horizon géographique, pour le penser dans sa globalité. Nous ne pouvons pas laisser des investissements bretons, entretenus depuis près de cinquante ans, être réduits à néant sans être absolument certains que tous les scénarios aient été réellement étudiés. Le site de Morlaix a des atouts, dont la formation et les compétences sont un axe fort. Par ailleurs, la proximité de l’aéroport de Brest et de la base de Landivisiau doit être questionnée. Une simple restructuration qui rayerait Morlaix de la carte n’est pas acceptable. Au contraire, un plan de développement du site doit être mis en œuvre en évaluant les besoins actuels de notre territoire et les besoins au-delà de 2023. Ce fut le cas au lancement de Brit Air par exemple : une réponse aux besoins des chefs d’entreprises locaux. Le but que nous devons atteindre est celui de pérenniser l’emploi local.

Si Air France fait le choix de délaisser définitivement le site Hop! de Morlaix, il devrait fournir des garanties et des contreparties suffisantes pour les salariés, les emplois et les activités, dès maintenant. En ce sens, Air France devrait s’engager à un plan de revitalisation durable pour le site. Air France doit s’engager à accompagner TOUS les salariés, à hauteur de leurs compétences. Nous devons pouvoir garder les compétences des salariés et des emplois sur notre territoire.

Le Pays de Morlaix a grandement besoin d’un plan ambitieux, avec l’accompagnement des acteurs locaux, collectivités territoriales et CCI notamment, pour encourager sa redynamisation. Il conviendrait d’élaborer un plan pour l’investissement et le support à l’innovation dans le domaine de l’industrie avec pour objectif de créer un écosystème favorable à l’émergence de nouvelles opportunités dans le domaine. Trois années sont encore devant nous pour donner un nouveau souffle. Nous n’y arriverons que si, collectivement, nous acceptons de saisir les opportunités qui peuvent s’offrir à nous. Attirer d’autres compétences serait complémentaire pour le développement du site, par exemple.

En tant qu’élue du territoire, il est de ma responsabilité d’être honnête envers les salariés. Nous le savons, la pérennité des activités dans leur forme actuelle sur le site de Morlaix est un challenge, du fait des pertes colossales subies par Air France. Les adaptations nécessaires ne doivent pas conduire à un simple appauvrissement de notre patrimoine industriel mais à l’ouverture de perspectives nouvelles qu’offrent les évolutions des systèmes de transport. Pour y parvenir, avec l’appui de la Région Bretagne et des acteurs locaux, nous devons aller dans le même sens, pour les salariés et les emplois du territoire. Je ne peux tolérer qu’aucune perspective d’avenir ne puisse être envisagée après 2023. En conséquence, chacun doit prendre ses responsabilités. La question est alors la suivante : souhaitons-nous maintenir une spécialisation du site avec un seul donneur d’ordre qui conduirait, à terme, au départ de toutes les activités et à ne devoir être à la merci que d’une seule compagnie ou souhaitons-nous ouvrir le champ des possibles par une requalification des besoins du territoire avec les atouts et les compétences et l’adaptation de l’outil de production pour étoffer le tissu industriel local et entrevoir la création d’un pôle de croissance dynamique dans le domaine de l’ingénierie ?

Je demande donc à Air France de revenir sur cette décision de fermeture définitive et solutionner la possibilité de conserver une partie des emplois sur le site de Hop! Morlaix. Je demande également à Air France et au gouvernement de signer un accord sur un plan de revitalisation pour le territoire et pour les salariés dont les emplois et leurs activités ne pourraient se poursuivre telles quelles le sont actuellement sur le site.