Il y a un an l’observatoire des inégalités plaçait Morlaix au premier rang des villes les plus pauvres
du Finistère. C’est dans ce contexte que Morlaix sort des dispositifs ciblés de soutien de l’État aux
quartiers en difficulté, ce qui peut à première vue sembler paradoxal et donner l’idée d’un abandon.

Il n’en est rien. En réalité, c’est depuis 2015 que Morlaix ne remplit plus les critères de la géographie prioritaire, et cela sous l’effet d’une réforme du gouvernement socialiste du président Hollande, qui a souhaité des aides reposant sur des critères uniques et équitables afin de mieux concentrer les interventions publiques vers les territoires les plus en difficulté.

En 2015, Gwenegan Bui et Marylise Lebranchu étaient parlementaires et ministres de cette circonscription, c’est leur réforme qui impacte aujourd’hui Morlaix. Nos élus locaux et le Maire de Morlaix ont-ils la mémoire courte ?

Depuis 2017 et l’arrivée d’Emmanuel Macron, la Ville a bénéficié de crédits ciblés visant à
réduire les inégalités sociales et à la réussite éducative. Nous l’avons ainsi maintenue en « veille active », contrat que nous avons renouvelé par le protocole d’engagements réciproques 2021-2022, qui a lui-même été prolongé d’une année. Nous ne pouvons justifier à l’infini que des crédits soient mobilisés pour des territoires qui ne remplissent pas les critères.

C’était donc en 2015, nous sommes en 2024. C’est tout l’inverse d’un abandon ! Pendant 9 ans l’État a continué d’abonder à l’accompagnement social des publics fragiles morlaisiens, alors que le territoire ne répondait plus aux critères.

Je crois que l’on peut considérer que l’État est allé au-delà de ses engagements. Et que la sortie de
la ville de Morlaix des dispositifs ciblés de soutien aux quartiers en difficulté n’est pas une surprise.

Le jeu de dupes du Maire de Morlaix qui consiste à s’étonner de cette sortie, neuf ans après
l’inéligibilité de la ville est de mauvais aloi. C’est le monde à l’envers, on ne devrait jamais se réjouir de compter des quartiers prioritaires. Ces dispositifs ont vocation à être transitoires.

La finalité est que la situation s’améliore, pas d’être maintenus à l’infini dans des soutiens
sectoriels.

Ce qui est le cas, certains indicateurs le montrent :
– revenu médian supérieur de 40 à 45 % au plafond fixé pour l’unité urbaine
– moindre décrochage par rapport aux revenus de l’aire urbaine
– pas d’ensemble sensible comportant au moins 1000 habitants
Le Maire de Morlaix mentionne le taux de pauvreté à l’échelle de sa commune, mais force est de constater que les caractéristiques et données concernant Morlaix sont très éloignées du seuil de
revenus constaté dans les territoires concernés par la politique de la ville. Le revenu médian déclaré en 2019 est de 18 314 € pour un seuil QPV (Quartier Politique de la Ville) de l’unité urbaine à 12 800€, soit un écart au seuil de 43%.
A titre de comparaison, les neuf QPV retenus du Finistère se situent dans une échelle de revenu
médian de 7 606 € à Lambezellec à Brest au plus bas à 10 978 € au plus élevé à Concarneau. A
18 314€ au sein des quartiers de Morlaix, nous sommes sur des situations sociales bien
différentes.

Le but premier de la politique de la ville est d’apporter plus de mixité sociale, et précisément Morlaix se caractérise par une vraie mixité.
J’entends le manque à gagner pour le budget municipal. Mais revenons à la réalité des choses,
on parle d’un budget de 100 000 euros/an.

Rappelons que l’abondement de l’État aux finances des collectivités locales a été considérablement redressé depuis 2017.
Entre 2013 et 2017, sous le gouvernement socialiste, Morlaix a perdu 24,2 % de sa dotation : –1 253 812 sous ce quinquennat ! Nous avons opéré un rééquilibrage continu depuis 2017, avec pour 2024 une DGF de 4 030 275 €

La ville a également été reçu une aide de fonctionnement de 294 751€ au titre du filet de sécurité
mis en place pour faire face à l’augmentation du coût des énergies.

En matière d’action sociale spécifiquement, le centre social de Morlaix a été notifié d’une
subvention de 29 000 euros pour un programme alimentaire.

Il serait bon de rappeler à M. Le Maire que peu de projets verraient un aboutissement sans le
soutien actif de l’État : Action Cœur de ville, le projet controversé de réouverture de la rivière,
l’espace des sciences doté de 4,5 millions de l’agence de la rénovation urbaine, etc., l’Etat participe
activement à leur financement.

Il peut être certain que les services de l’État et la majorité restent pleinement vigilants quant aux
équilibres sociaux si d’autres solutions de cofinancement peuvent être identifiés, notamment en
matière de réussite éducative.