Question n°38717 – Publiée au JO le 04/05/2021
Socio-esthétique : reconnaissance d’un code APE
Mme Sandrine Le Feur appelle l’attention de M. le ministre délégué auprès du ministre de l’économie, des finances et de la relance, chargé des petites et moyennes entreprises, sur la reconnaissance de la socio-esthétique comme pratique à part entière.
La socio-esthétique est en effet une pratique particulière de l’esthétique à destination des personnes fragilisées par la maladie, le handicap, le grand âge ou toute forme de désocialisation.
Née à la suite de la Première Guerre mondiale, avec la nécessité de prendre en charge les rescapés gravement marqués dans leur chair, elle s’est surtout développée à partir des années 1960 grâce à deux esthéticiennes, Jenny Lascar et Renée Roussiere, qui ont décidé d’œuvrer bénévolement dans des services hospitaliers de psychiatrie, gériatrie et oncologie.
La socio- esthétique a fait ses preuves pour améliorer la qualité de vie des personnes fragiles, quelle que soit la nature de cette fragilité. Elle offre ainsi une bulle de détente, de confort, une parenthèse qui reconnecte la personne avec son corps et qui s’avère bénéfique dans toutes les situations de souffrance physique ou psychique. C’est une discipline à dimension humaine et sociale offrant un réel accompagnement pour les personnes fragilisées par la vie, déstabilisées par la maladie, atteintes dans leur intégrité physique et morale, et elle intervient de plus en plus en support pour aider les équipes pluridisciplinaires des établissements médicaux, médico-sociaux et sociaux.
Une étude réalisée en 2017 auprès de 1 166 patients atteints de cancer a permis d’analyser l’impact des soins de beauté et de bien-être sur la qualité de vie des malades. Il en ressort que ces soins prodigués par des socio-esthéticiennes diplômées sont jugés très bénéfiques par les patients et le corps médical, mais qu’ils restent insuffisamment accessibles.
De plus en plus reconnue au sein des milieux médicaux et sociaux, la socio-esthétique ne bénéficie cependant pas d’une reconnaissance propre. Pourtant, le métier ne s’improvise pas, il s’appuie sur une double compétence, d’une part une expertise professionnelle reconnue par un diplôme d’esthétique cosmétique, ainsi que des compétences plus spécifiques acquises grâce à une formation certifiante complémentaire, créée par le CODES (cours d’esthétique à option humanitaire et sociale), la référence en matière de formation dans le domaine.
La socio- esthétique reste affiliée au code APE de l’esthétique traditionnelle. L’attribution d’un code APE distinct permettrait une dissociation entre l’esthétique et la socio-esthétique, reconnaissant ainsi la pratique comme une thérapeutique de support en tant que telle et une juste reconnaissance de la place qu’elle occupe déjà dans les établissements comme dans le champ de l’insertion sociale.
L’obtention d’un code APE spécifique constitue également un préalable nécessaire pour un accompagnement plus pertinent des professionnels, des formations complémentaires, l’accès à une responsabilité civile professionnelle cohérente ainsi qu’une prise en charge des soins par les mutuelles.
C’est pourquoi elle lui demande si le Gouvernement envisage une reconnaissance de la socio-esthétique, notamment par le biais de la création d’un code APE dédié.