Lors d’une visio, j’ai pu faire  un tour d’horizon des missions de l’administration pénitentiaire qui intervient principalement hors les murs, en effet seuls 73 000 personnes sont détenues sur les 250 000 qui relèvent du suivi pénitentiaire. Le service pénitentiaire départemental comprend notamment une antenne à Morlaix qui prend en charge environ 400 personnes, avec également des interventions déconcentrées sur le ressort du Tribunal de Proximité de Morlaix (St Pol, Landivisiau).

Les conseillers d’insertion et de probation ont la charge du contrôle de l’exécution de la peine, et des obligations et/ou interdictions que cela comporte, et l’accompagnement individuel la plupart du temps dans le cadre des sursis probatoires. Cela consiste concrètement à travailler en profondeur sur les facteurs de risque de récidive. 1400 personnes sont ainsi en sursis probatoire dans le département du Finistère, et 150 sous bracelet électronique. Chaque agent suit autour de 80 personnes.

Différentes spécificités ont particulièrement retenu mon attention :

– le dispositif existant avec le Centre Médico-Psychologique sur les violences conjugales, qui finance un mi-temps

– le Programme Reflecto, une initiative de Brest pour des programmes collectifs sur deux thématiques, l’addiction et les violences intrafamiliales. Le garde des sceaux a lui-même souligné l’intérêt de cette méthode innovante qui amène à une meilleure prise de conscience pour mieux prévenir la récidive

– Nous aurions en France entre 50 % et 60 % de récidive, un risque donc très important une fois la peine purgée. L’administration pénitentiaire s’est donc récemment orientée vers des méthodes nouvelles, parfois venues de l’étranger et estime que ces méthodes permettent de réduire le risque de récidive de 30 %. Il conviendrait d’allouer davantage de moyens à la recherche dans le domaine et d’avoir une réelle approche d’étude d’impact des pratiques.

– Le pôle de Brest a dans cette optique d’amélioration des pratiques et d’adaptation des méthodes au risque de récidive conventionné avec deux universités pour une analyse statistique de l’efficacité du programme Reflecto.

– la pertinence des quartiers pénitentiaires : beaucoup d’argent y est dédié mais leur plus-value réelle reste à démontrer. C’est avant tout le travail sur les facteurs de récidive que les conditions de détention qui amène à une meilleure insertion du détenu.

– la problématique de délégation du sursis probatoire et du contrôle judiciaire à des acteurs associatives devrait être interrogée. Bien souvent cela fait doublon avec l’administration pénitentiaire et l’argent public finance deux structures pour un accompagnement similaire

– la recherche de partenaires, notamment au niveau des mairies, pour l’exécution des TIG – Travaux d’Intérêt Généraux

– Suite à la réforme de la justice (loi confiance dans la justice), les dates de sortie d’incarcération sont de plus en plus incertaines. Il y a nécessité à améliorer le système de la remise de peine afin que la date de sortie du détenu ne bouge pas en permanence et mieux préparer sa sortie, voire son accompagnement extérieur en évitant les sorties sèches.

Ces échanges m’ont fait comprendre les réalités de la mission de conseillers d’insertion et de probation .

Bravo à eux pour leur travail de fonds assez méconnu.