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Épidémies, ouverture au commerce international, les défis sont de plus en plus nombreux

Agriculteurs face aux crises sanitaires et au mercosur : les soutenir en toutes circonstances

PAD DNC

18 décembre 2025

Abattre un troupeau n’est jamais un acte anodin. Derrière chaque décision sanitaire, il y a des femmes et des hommes, des familles, un attachement profond aux animaux et un métier exercé avec passion. Aujourd’hui, trop d’éleveurs vivent ces situations dans une forme de solitude et d’urgence permanente. C’est de cela que j’ai envie de parler dans ce “priorité au Direct” de mon site internet cette semaine.

Notre profession d’agriculteurs traverse depuis plusieurs mois une accumulation de crises sanitaires, économiques et politiques, qui fragilisent durablement les exploitations et éprouvent moralement les éleveurs.

En tant que députée, mais aussi comme agricultrice, je crois indispensable de prendre le temps d’en mesurer l’ampleur, pour mieux comprendre ce que vivent nos paysans et rappeler les combats qui doivent être menés collectivement.

Le 30 juin dernier, en Savoie, les premiers cas de dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) ont été détectés dans des élevages. Cette maladie, extrêmement contagieuse, s’est ensuite propagée rapidement. Au 1er décembre, on comptait déjà 104 foyers en France. Transmise par piqûre d’insectes, difficilement détectable en raison du temps d’incubation de 3 semaines et incurable, la DNC doit absolument être contenue : c’est la raison pour laquelle le gouvernement préconise l’abattage systématique du troupeau lorsqu’une bête est touchée. Ces derniers jours, l’actualité a mis en lumière la lourdeur des conséquences de cette décision pour les éleveurs.

Au-delà des pertes économiques importantes dûes aux restrictions de mouvement, se résoudre à l’abattage d’un troupeau, c’est effacer des années de travail, de sélection, de soins quotidiens. Cette dimension humaine doit absolument être prise en compte par les pouvoirs publics lorsqu’une telle décision doit être prise. C’est pour cela que je plaide pour un dialogue apaisé, une prise en charge empathique de la situation par les services vétérinaires et de l’État, et surtout un accompagnement psychologique des éleveurs.

À cette crise s’ajoute la pression constante de l’influenza aviaire hautement pathogène. Ce vendredi 12 décembre, un premier foyer a été détecté dans ma circonscription, dans un élevage de volailles. Là encore, ce sont des exploitations mises à l’arrêt parfois du jour au lendemain, des projets suspendus, et une grande incertitude pour les familles concernées.

D’autres maladies circulent également, comme la fièvre catarrhale ovine (FCO) ou la maladie hémorragique épizootique (MHE), qui touchent les ruminants. Moins visibles médiatiquement, elles n’en imposent pas moins des contraintes lourdes aux exploitations, notamment en Bretagne, région particulièrement exposée en raison de la densité des élevages et de la présence des insectes vecteurs.

Ces crises sanitaires ne sont pas des accidents isolés. Elles s’inscrivent dans un contexte plus large de dérèglement climatique, qui bouleverse les équilibres biologiques, favorise la circulation des maladies et fragilise les animaux comme les systèmes de production. Nous ne sommes plus face à des épisodes exceptionnels, mais à un nouveau régime de crises durables, qui plonge les éleveurs et les cultivateurs dans une incertitude permanente.

À ces difficultés sanitaires s’ajoutent des fragilités économiques structurelles.

Le prix du lait demeure insuffisant pour garantir un revenu digne à de nombreux producteurs. Dans la filière porcine, la volatilité des marchés, la hausse des charges et la concurrence internationale accentuent encore la pression sur des exploitations déjà sous tension. Les éleveurs doivent composer avec des injonctions parfois contradictoires : produire mieux, respecter des normes toujours plus exigeantes, tout en restant compétitifs sur des marchés ouverts.

C’est dans ce contexte que le projet d’accord avec le Mercosur cristallise de fortes inquiétudes. J’y suis toujours opposée, s’il reste rédigé tel quel. Comment exiger toujours plus de nos éleveurs en matière de qualité, de traçabilité, de bien-être animal et de respect de l’environnement, tout en ouvrant notre marché à des produits qui ne respectent pas ces mêmes règles ? Ce débat n’a rien d’idéologique. Il est profondément concret. Il engage la cohérence de notre modèle agricole et la reconnaissance du travail de nos paysans. C’est pourquoi je suis opposée à cet accord de libre-échange tant que nous ne serons pas en mesure de garantir un contrôle réel et effectif des produits importés sur notre territoire.

Soutenir nos éleveurs, ce n’est pas seulement réagir dans l’urgence quand une crise éclate. C’est garantir des prix réellement rémunérateurs, renforcer la prévention sanitaire et les moyens vétérinaires, améliorer la rapidité et l’équité des indemnisations, accompagner les transitions et, surtout, redonner de la visibilité et de la confiance à celles et ceux qui nourrissent le pays.

Je resterai pleinement mobilisée, sur le terrain comme à l’Assemblée nationale, pour défendre l’élevage, ses femmes et ses hommes, et une agriculture française forte, durable et respectée. Nos éleveurs ne demandent pas des privilèges. Ils demandent simplement de pouvoir vivre de leur métier, avec dignité.