Collecte des pneu : discorde avec les centre de tri
Agriculture : discorde autour de la collecte des pneus
5 décembre 2025
Il fut un temps ou pour tenir les bâches d’ensilage de maïs, les agriculteurs, équipés de grandes remorques venaient chez les garagistes collecter les pneus usagés d’automobile. De nos jours, il existe des méthodes bien plus simples et écologiques pour tenir celles-ci (boudins de sable notamment), et il faut désormais recycler ces pneus. Il me paraît donc utile de vous en dire quelques mots.
On l’oublie facilement lorsqu’on les voit simplement stockés, mais les pneus peuvent devenir une source réelle de pollution. En se dégradant, ils présentent des risques environnementaux avérés. C’est pourquoi leur collecte (un peu plus de 11 200 tonnes en 2024), et leur traitement doivent absolument être garantis dans de bonnes conditions.
Sans entrer dans un excès de technicité, il faut rappeler brièvement le contexte. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, une nouvelle réglementation prévoit que les producteurs de pneus prennent en charge leur traitement, ce qui réduit considérablement les coûts pour les agriculteurs. Pourtant, à l’heure où je vous écris, la collecte prévue pour 2025 est suspendue.
Sur le plan juridique, une section dédiée aux pneumatiques a été introduite dans le code de l’environnement le 2 mars 2023. Elle prévoit que la filière REP prenne en charge les déchets de pneus issus des opérations d’ensilage. Cette évolution découle de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire du 10 février 2020, qui prévoyait notamment la création d’une filière REP pour les pneumatiques.
C’est précisément l’interprétation de ce décret qui est au cœur du différend actuel. Plusieurs éco-organismes ont contesté devant le Conseil d’État l’intégration des pneus d’ensilage dans le dispositif. Leur recours a été rejeté le 25 mars 2025, mais le sujet est loin d’être réglé : ils refusent toujours d’appliquer les règles et facturent 82 €/tonne collectée, en plus des frais déjà engagés. Plus largement, l’article L. 541-10 du code de l’environnement continue de faire débat.
Une clarification a donc été demandée aux ministres de l’Agriculture et de la Transition écologique. Pour ma part, j’ai interrogé les éco-organismes lors de la table ronde de la commission du développement durable du 5 novembre 2025 (lien). M. Vincent Coissard, sous-directeur à la direction générale de la prévention des risques, m’a d’ailleurs répondu que l’avis du Conseil d’État demeurait insuffisamment clair et a confirmé la nécessité de préciser la loi.
Il n’est pas envisageable que les agriculteurs supportent des coûts qui ne relèvent pas de leur responsabilité. Je m’engage donc à oeuvrer de nouveau à l’Assemblée nationale afin que l’esprit du décret de 2023 puisse, enfin, se traduire dans les faits et garantir une application juste et conforme aux objectifs fixés.