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Taxer la rente, soutenir l’investissement : ma position sur le PLF 2026

Justice fiscale : taxer la rente, soutenir l’investissement

Priorité au direct article 3

1 novembre 2025

Depuis 15 jours, nous examinons le projet de loi de finances (PLF) pour 2026 à l’Assemblée nationale : le texte qui prévoit les recettes et les dépenses de l’Etat pour l’année à venir. Ces derniers jours, une question était centrale : celle de la justice fiscale. Je tenais à écrire cet article, prendre le temps, pour expliquer mon vote et avis sur ce sujet important.

Il est urgent de réduire les inégalités et de faire contribuer les plus fortunés à l’effort collectif. C’est l’un des fondements de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, qui déclare que l’impôt doit être également réparti entre tous les citoyens. Nous avons déjà œuvré ces dernières années pour cela, notamment en votant pour la Flat Tax et en veillant à ne pas augmenter les impôts. Il faut que les ultra-riches contribuent davantage, par souci d’équité et de justice fiscale. Aujourd’hui, grâce à l’optimisation fiscale, certains grands patrimoines paient proportionnellement moins d’impôts que des ménages modestes. C’est une injustice qu’il faut corriger.


Les parlementaires de gauche ont raison lorsqu’ils se battent pour plus de justice fiscale. Mais toutes les taxes ne se valent pas. Je suis pour taxer le patrimoine dès lors qu’il ne participe pas à l’économie française : il faut réussir à trouver un moyen pour taxer l’argent qui dort plutôt que l’argent qui travaille et crée des emplois.


C’est pourquoi j’ai voté pour la proposition de mon collègue Jean-Paul Mattei visant à réformer l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) pour y inclure les biens improductifs tels que les bijoux, les voitures de collection ou les pièces d’or, ainsi que l’article 3 du PLF, qui met en place une taxe sur les holdings.


Cette contribution cible l’argent non réinvesti en excluant les investissements productifs (dans les PME européennes, ou dans les trésoreries nécessaires au fonctionnement des entreprises par exemple). Concrètement, les personnes possédant plus de 5 millions d'euros de patrimoine inactif (résidences secondaires, bateaux etc.) devront payer cette taxe.


Pourquoi c’est une bonne chose ?


Avec cette taxe, on cible la rente, pas le travail qui fait tourner l’économie. Autrement dit : on ne taxe pas la “vache”, mais le lait non bu. Dès la première année, cette contribution rapportera 1 milliard d’euros à l’Etat, sans décourager l’investissement, d’autant que les actifs qui seront taxés sont moins mobiles que les participations dans les entreprises.

 

Un entrepreneur qui réinvestit ses bénéfices dans son usine ne sera pas taxé. En revanche, celui qui épargne des millions sur un compte sans les utiliser paiera sa juste part.


La taxe Zucman : une fausse bonne idée ?


La promesse de cette taxe, sur le papier, est séduisante : 10 à 20 milliards d’euros de recettes pour l’Etat en taxant les ultra-riches du pays. Seulement ces milliards proviendraient en grande partie d’investissements dans les entreprises du pays. Cette taxe soulève plusieurs problèmes majeurs :

1. La fuite des capitaux : les personnes taxées peuvent décider de délocaliser leur patrimoine, en commençant par délocaliser leurs investissements, comme cela s’est vu en Suisse ou en Espagne.
2.
Atteinte à l’investissement : Taxer les actifs productif (usines, startups, PME etc.) décourage l'investissement dans des projets créateurs d’emploi.
3. Complexité et inefficacité : La mise en œuvre d’une taxe sur l’ensemble des patrimoines, y compris les biens immobiliers, financiers et les participations à l’étranger, est extrêmement complexe et coûteuse à administrer, avec un risque élevé de contentieux et d’optimisation.

À l’arrivée, on se retrouve donc avec un outil fiscal plus symbolique que productif, inefficace pour le financement de nos services publics et dangereux pour notre économie.

Le projet de loi de finances pour 2026 n’est pas parfait, j’en ai pleinement conscience. Élaboré dans un calendrier contraint, il agrège des propositions issues de l’ensemble des groupes politiques ; certaines pertinentes, d’autres plus discutables.

Certains diront "C’est une demi-mesure ! Il faut taxer les riches !"

J’y répondrai que je me méfie toujours des promesses miracles, trop belles pour être vraies. Je préfère une mesure au périmètre plus restreint mais mieux calibré et donc plus efficace. Un équilibre est donc à trouver entre symbole de justice et mesure d’efficacité. La taxe sur les holdings est une première étape, qui pourra être renforcée lors des prochains PLF. Par ailleurs, le budget a déjà prévu un effort aux plus aisés, qui va dans le bon sens avec notamment la hausse de la CSG-CRDS et de la CDHR sur les grandes fortunes.

La taxe sur les holdings est un compromis intelligent :

Elle réduit les inégalités.

Elle préserve l’investissement.

Elle évite les effets pervers de la taxe Zucman.

Dans les semaines à venir, je continuerai à participer activement aux débats budgétaires pour défendre le pouvoir d’achat des ménages, la vitalité de nos entreprises et une véritable justice fiscale à la fois équitable, lisible et soutenable pour notre économie.