Plan "Ma Santé 2022"

Ce matin (18 septembre 2018) le Président de la République à dévoilé le plan de transformation de notre système de santé « Ma santé 2022 ». Bien autre chose qu’une énième réforme qui ne traiterait pas le fond du problème, ou qui consisterait à saupoudrer de quelques financements un système aux abois sans rien changer au fond, ce plan est une reconstruction en profondeur de notre système de santé.

« Notre système de santé constitue un pilier de notre République sociale. Il est l’une des meilleures concrétisations de la solidarité nationale et offre la possibilité d’être soigné quels que soient son âge, son sexe ou son revenu. Les Français sont profondément attachés à leur système de santé, au principe de solidarité qui le fonde et sont plus que jamais reconnaissants envers les professionnels de santé qui les soignent au quotidien.
Si notre système de santé reste l’un des plus performants au monde, il est confronté à de nouveaux défis. Que les défis soient épidémiologiques, avec le vieillissement de la population et l’augmentation des maladies chroniques, ou technologiques, avec l’arrivée de nouvelles thérapeutiques et l’accélération de la révolution numérique, ou sociaux, avec le creusement de la fracture géographique, nous devons les relever. Car chaque jour qui passe fait courir le risque d’affaiblir un peu plus notre système de santé, de diminuer la qualité de nos soins, de les rendre plus difficilement accessibles ou de mettre en cause le principe de solidarité pour les générations futures. » (E. Macron 18/09/2018)

Un système de santé au bord de la rupture

Le plan « Ma Santé 2022 » part de l’état des lieux suivant :

  • Difficulté pour nombre de nos compatriotes d’avoir accès à un médecin dans la journée en cas de nécessité, et ne pas devoir aller aux urgences pour des problèmes qui n’en relèvent pas
  • De leur côté, les soignants veulent retrouver le sens de leur « engagement », ils veulent plus de temps et de moyens pour mieux soigner.

Un plan de transformation résolument centré sur le parcours du patient

« nous devons entièrement repenser notre système de santé en se fixant une seule exigence : mettre le patient au centre et garantir à tous les Français une meilleure prévention et un accès à des soins de qualité. Nous devons permettre au patient d’avoir accès plus facilement aux soins dont il a besoin, quand trop souvent il ne parvient pas à trouver assez facilement le soignant nécessaire. » (E. Macron 18/09/2018)

La mise en pratique de ces enjeux s’appuiera sur les axes suivants :

  • Une meilleure mise en réseau des praticiens qu’ils soient de ville ou de l’hôpital, autour d’un projet de santé adapté aux besoins des Français dans les territoires. Toutes les structures, privées, comme publiques, devront travailler ensemble.
    • à cette fin, d’ici 2022,  des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), qui mailleront le territoire seront constituées. Au sein des ces CPTS, tous les professionnels d’un territoire devront s’organiser pour répondre aux besoins de soins de la population. Elles assumeront un certain nombre de missions, dont les « urgences de ville », pour décharger les urgences hospitalières qui doivent se concentrer sur les situations vitales. Une partie de la rémunération des professionnels sera conditionnée à l’adhésion à une CPTS. Pour un soignant, exercer au sein d’une CPTS deviendra la norme.
  • Pour redonner du temps aux médecins pour soigner, « Ma Santé 2022 » va aussi s’appuyer sur des nouveaux métiers, comme les assistants médicaux qui pourront assurer un certain nombre de missions à leur place. 4000 postes seront financés d’ici 2022. Et nous enverrons et financerons 400 médecins généralistes salariés dans des déserts médicaux pour permettre aux patients d’accéder à une consultation généraliste.
  • A. Buzyn en a pris l’engagement : aucune structure ne fermera, mais cela ne signifie pas qu’il ne doit pas y avoir d’évolution dans leurs missions. L’offre hospitalière évoluera et des « hôpitaux de proximité » dédiés aux soins du quotidien seront créés. Les premiers « Hôpitaux de proximité » seront labellisés en 2020, en 2022 plus de 500 hôpitaux de proximité existeront.
  • La qualité des soins est un axe fort de la transformation, et un ensemble de dispositifs sera mis en oeuvre pour que cette qualité se diffuse à tous :
    • La création de « parcours de soins » conçus sur la base des meilleures pratiques, et améliorés en continu avec les retours d’expérience « patients »
    • La création d’un véritable « dossier médical numérique » du patient qui donnera aux soignants une meilleure connaissance médicale des patients, et ainsi leur permettra de dispenser de meilleurs soins.
  • De plus, dans la dynamique actuelle visant une meilleure formation de nos compatriotes, le domaine de la santé ne fera pas exception. Le fameux numerus clausus sera révolu et une orientation progressive encourageant les passerelles et la diversification des profils et une définition plus pertinente des choix de spécialités des étudiants.
  • Enfin, le financement de la transformation sera à la hauteur des ambitions de cette stratégie. Avec un taux d’évolution exceptionnel de l’ONDAM de 2,5 % en 2019 (plus élevé que l’engagement du Président, qui était de 2,3 %, et le plus élevé en 6 ans), ce sont 400 M € supplémentaires qui seront engagés pour cette transformation dès 2019, avec un effort particulier pour l’outre-mer.

Le plan « Ma Santé 2022 » s’appuie sur d’autres innovations sur lesquelles je ne suis pas revenue ici, comme la généralisation de postes de télé-diagnostics, le remboursement des télé-consultations, le service sanitaire pour les étudiants. L’ensemble du plan est décrit dans le dossier de presse (52 pages) disponible au téléchargement

Je souhaite saluer cet ambitieux projet de notre système de santé pour la prochaine décennie : une meilleure organisation des professionnels de santé, au bénéfice des patients comme des soignants.